Une semaine après les élections américaines, et suite à de nombreuses lectures, quelle analyse peut-on faire de la victoire de Donald Trump ?
Petit essai sans prétention sur une élection qui aura marqué un tournant dans la vie politique états-unienne.
La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de 2024 marque un tournant majeur dans la politique américaine et mondiale. Cette réélection, qui a surpris de nombreux observateurs par son ampleur, s’explique par plusieurs facteurs clés et présente des parallèles intéressants avec la situation politique en France.
Les raisons de la victoire de Trump
𝐔𝐧 𝐯𝐨𝐭𝐞 𝐦𝐚𝐬𝐜𝐮𝐥𝐢𝐧𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐩𝐫𝐞́𝐩𝐨𝐧𝐝𝐞́𝐫𝐚𝐧𝐭
L’une des clés de la victoire de Trump réside dans le soutien massif qu’il a reçu de l’électorat masculin, particulièrement des hommes blancs sans diplôme universitaire. Ce « vote masculiniste » a fini par l’emporter sur le vote féministe, reflétant une polarisation croissante de la société américaine sur les questions de genre. Toutefois, il est à noter que Trump a augmenté de façon importante sa base électorale féminine, alors que Harris, aussi surprenant que cela puisse paraitre, voyait son socle électoral féminin se réduire. La question du genre n’a donc pas joué en faveur de la candidate féminine.
𝐋’𝐞́𝐜𝐡𝐞𝐜 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐭𝐫𝐚𝐭𝐞́𝐠𝐢𝐞 𝐝𝐞 𝐊𝐚𝐦𝐚𝐥𝐚 𝐇𝐚𝐫𝐫𝐢𝐬
La candidate démocrate Kamala Harris n’a pas réussi à mobiliser suffisamment l’électorat, notamment les catholiques et les classes moyennes. Son incapacité à adresser les préoccupations économiques et sociales de ces groupes a contribué à sa défaite. Un échec qui au-delà de la personne de Harris, est aussi celui du camp Démocrate qui s’est éloigné durant ces quatre dernières années de sa base électorale populaire et des classes moyennes.
𝐋𝐞 𝐦𝐞́𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐧𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐨𝐩𝐮𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐞́𝐜𝐨𝐧𝐨𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞
Trump a su capitaliser sur le mécontentement grandissant des classes populaires et moyennes, qui se sentent délaissées par les élites politiques traditionnelles. Ce sentiment de relégation et de déclassement a joué un rôle crucial dans son succès électoral.
Un mécontentement également eu égard à la situation économique de ces classes populaires et moyennes qui ont subi de plein fouet l’inflation et la perte de pouvoir d’achat. Même si paradoxalement cette situation subit ne provenait pas forcément des politiques menées par Biden et ses quatre années de mandat. Provenant peut-être même d’un effet sur le long terme de la politique menée par Trump lors de son premier mandat.
𝐋𝐚 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥’𝐢𝐦𝐦𝐢𝐠𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧
L’immigration est devenue un sujet central de la campagne, Trump ayant réussi à en faire un vecteur d’expression des malaises sociaux et de contestation des élites. Cette stratégie a trouvé un écho important auprès de nombreux électeurs.
Parallèles avec la situation française
La victoire de Trump présente des similitudes frappantes avec l’évolution politique en France.
𝐏𝐨𝐥𝐚𝐫𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐜𝐫𝐨𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐭𝐞
Comme aux États-Unis, la France connaît une polarisation accrue de son paysage politique, avec l’émergence de trois blocs distincts : la coalition présidentielle, le Nouveau Front Populaire (NFP) à gauche, et le Rassemblement National (RN) à l’extrême droite.
𝐌𝐨𝐧𝐭𝐞́𝐞 𝐝𝐮 𝐩𝐨𝐩𝐮𝐥𝐢𝐬𝐦𝐞
Le succès du RN aux élections législatives de 2024, avec 126 députés élus, reflète une tendance similaire à celle observée aux États-Unis avec Trump. Le parti de Marine Le Pen a su capitaliser sur le mécontentement populaire et les inquiétudes liées à l’immigration.
𝐅𝐫𝐚𝐠𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥’𝐀𝐬𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞́𝐞 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞
L’absence de majorité claire à l’Assemblée nationale française rappelle la situation de blocage institutionnel que Trump pourrait rencontrer avec un Congrès divisé.
𝐋’𝐢𝐦𝐩𝐨𝐫𝐭𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐮 𝐜𝐥𝐢𝐯𝐚𝐠𝐞 𝐮𝐫𝐛𝐚𝐢𝐧/𝐫𝐮𝐫𝐚𝐥
En France comme aux États-Unis, on observe un clivage croissant entre les zones urbaines, plus favorables aux partis traditionnels ou de gauche, et les zones rurales et périurbaines, qui tendent à soutenir davantage les mouvements populistes.
Conclusion
La victoire de Trump en 2024 et l’évolution politique en France illustrent des tendances communes aux démocraties occidentales : montée du populisme, polarisation accrue et remise en question des élites traditionnelles. Ces phénomènes posent des défis majeurs pour la gouvernance et la cohésion sociale dans les années à venir, tant aux États-Unis qu’en France.
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